Par une belle nuit de Baptême ...

Invité

Ils étaient enfin rentrés !
Bouh quelle journée épuisante !

Hé ben nan, c'était même pas ce que pensait le p'tit Tiernvael, trop heureux que sa meilleure amie et bien plus encore, j'ai nommé Pelotine, l'ai invité dans son royaume.
Oui c'était plutôt comme ça que ça résonnait dans sa tête.
Bien sûr on ne voyait ni les dorures, ni le palais qui se cachait derrière la belle maison que voici ou le jardin superbement décoré derrière les quelques magnifiques fleurs que voilà.
Mais tout ça c'était parce qu'ils étaient trop fatigués et que la nuit était bien avancée.
Qu'importe ! Dans l'imagination des collants verts, il y avait même quelques collines verdoyantes de ci de là du domaine qui s'étendait sur des centaines de lieues.

Il idéalisait le lieu, le moment et toutes ses perceptions, du fait qu'il était heureux.
Franchement heureux de pouvoir partager une dernière nuit avec elle, sa première compagne de lit, avant qu'elle parte pour l'horizon.
Malheureusement.
Mais il ne pensait plus à ce terrible malheur qui avait frappé la famille dont il voulait faire la sienne.

En fait pour le moment, il sautait hors du carrosse des époux, entraînant la mère par le poignet, en sautillant, vers le jardin.
Oui le poignet parce qu'elle lui avait dit qu'il devait apprendre à se tenir quand ils ne sont pas seuls.
En guise d'invitation à se faire inviter, il dit :

Viens ! Viens Pelotitinou !
Fait moi visiter le dehors avant que la Lune disparaisse.
Pis comme ça on pourra voir les étoiles.
Je sais qu't'aime ça !

Tout sourire, Tiernvael se retourna à moitié et lui fit un clin d'oeil, l'espace d'une petite seconde.
Puis il glissa sa main dans la sienne, se retournant tout à fait et la regardant dans les yeux, comme un enfant fait lorsqu'il réclame une chose qu'on ne veut pas lui donner.
Des p'tits yeux tout mignon et un sourire d'ange inquiet, alors que pour achever le tableau l'elfe mesquin venait d'ajouter.

S'teu plait Pelotitinou ! J'aimerai tant voir les étoiles avec toi.
S'il te plait, dit oui !

Admin Messages : 188 Date d'inscription : 28/05/2012 Age : 35

Une sorte de spectatrice elle était, à ce moment précis.
Oui, cela ne vous arrive t'il jamais ? D'avoir l'impression d'assister à une scène alors que vous en êtes le principal acteur ? Si, certainement, c'est de cet état passif dont je vous fait part.

Pelotine se laisse entrainer, observant Tiernvael d'un air songeur, elle ne réalise pas trop qu'elle est avec lui, là, elle ne réalise pas vraiment qu'il s'agit d'une de leur dernière soirée avant qu'elle prenne la route vers la Bourgogne, et ses villes.. ce fameux voyage tant de fois repoussé. Pourquoi ? Pour permettre à Ladra de se présenter à la mairie dans un premier temps, mais aussi pour ne pas avoir à partir et se séparer de son petit lutin aux collants verts et de Grand Sage, qu'elle aimera toujours à sa façon, particulière.

Le voyage n'est plus repoussé.
Pelotine et Ladra ont préparé leurs bagages.
La plupart des portes de leur demeure sont condamnées, incitant alors la jeune femme a prendre le départ.
Mais le jardin lui, est ouvert, acceuillant et prêt à accueillir ce drôle de couple qui s'avance à la demande d'un des deux comparses.

Le Titi avance, entraînant la Pelote dans sa course, une Pelote docile qui secoue la tête à chacune des demandes du presque adulte, presque plus enfant...
Reprenant peu à peu ses esprits, la jeune femme rit doucement en entendant le blondin.

Oui Titi, allons-y, j'aime beaucoup les étoiles, tu as raison, entièrement raison.
Passe donc par la gauche, oui coté coeur, la bas il y'a un coin de verdure aussi confortable qu'une couche aux draps de soie.
Si, si je t'assure.

En réalité, c'était une herbe tout à fait ordinaire, et le coin n'était pas plus magique qu'un autre, il s'agissait surtout d'une petite pente, à l'abri des regards ou la jeune femme aimait se retrouver, seule.

Invité

Et ils repartirent dans leur chevauchée bienheureuse !
Puisque chevauchée ne se fait pas sans moment épique, Tiernvael la reprit en faisant tournoyer sa Pelotitinou, à l'aide de la main qui était dans la sienne.
C'était aussi pour qu'elle ne tombe pas dans un de ses instants moroses qui lui allaient si bien, mais que le jeune homme n'a jamais tellement compris.
Pourquoi diable voulait-elle être malheureuse alors qu'en voyant tout bien, on était plus heureux ?
Mais elle était comme cela.
Il l'aimait comme cela.

Toujours sautillant, il prit le chemin qu'elle lui avait indiqué, balançant sa tête de chaque côté pour mieux apprécier le paysage nocturne.
Il ne faisait pas encore froid en ce début de mois de novembre et les sauterelles et compères grillons se joignaient à eux au moyen d'un orchestre aussi improvisé que naturel.
Coup de tête ou coup de cœur, c'était un peu ce qui avait motivé l'enfant à faire sa demande à sa future ex-presque maman, bien qu'il ne pourrait jamais le dire à quiconque.
C'était entre eux deux, et lorsque les choses sortent dans la lueur du jour, elles risquent souvent de s'effriter.
Il se doutait trop bien que Pelotine en avait fait l'expérience, il y avait quelques mois de cela, et c'était également la raison d'un départ aussi ... malheureux que douloureux.
S'il n'avait jamais voulu qu'elle parte, il ne pensait même pas au fait qu'elle ne puisse plus revenir parmi les siens, les Ap Maëlweg.
Sale histoire ... Mais bon, à qui était-ce la faute ?

En revanche, ce n'était pas les pensées du lutin en ce moment, à vrai dire, et comme on l'a dit, il était trop heureux pour penser à ce genre de chose.
Il souriait jusqu'au moment où, à bout de souffle, il se dit que c'était là : le petit trou de verdure où chantent des sauterelles.
L'endroit semblait magique, bien qu'il n’ait rien de tel.
Un petit bosquet au loin d'où semblait s'échapper des elfes avec leurs lucioles.
Ou était-ce les étoiles qui baignaient le monde dans leur sombre clarté ?
Une rivière là-bas, des naïades aux couleurs de Pelotine et des clapotis.

Titi se coucha en fermant les yeux et en libérant la main de l'amie, calmant son souffle, se concentrant pour ainsi dire que sur sa simple respiration.
Longue et régulière, c'était un peu comme s'il se mettait à dormir.
En fait, cela faisait partie d'un rituel.
Tels des moines de nuit, ils venaient vénérer en silence, un monde d'ombre et de sombres mystères.
Un monde de grandeur et de beauté de l'infini. Aussi grand que petit d'ailleurs.
De féerie aussi ! Les étoiles scintillaient de la même manière que les lucioles et semblaient parfois se poser sur votre peau alors même que vous fermez les yeux pour vous laisser imprégner.
C'était le déclic ! Ou plutôt l'invitation ...

Aucun mot n'avait été échangé depuis le départ, et pourtant, ils savaient l'un comme l'autre où ils devaient se rendre.
Ils savaient comment aller se dérouler le rituel, comment ils se sentiraient après.
Un certain engourdissement envahissait tendrement, petit à petit, son corps enfantin alors que ses pensées allaient et venaient à toute vitesse.
Elles étaient de toutes sortes : Tualenn, Pelotine, Dôn, collants verts, l'avenir, le passé, les joies, surtout pas les peines. L'avenir.
Oui, c'était sans doute ça qui faisait naître en lui cette vague de sensation en lui.
Si on le lui avait demandé, si on lui posait la question "Pourquoi trembles-tu Tiernvael ?", il aurait simplement répondu par un "je ... je ne sais pas, c'est bizarre." avec un sourire un peu gêné. Mais toujours heureux.
Cependant comme on le sait, il existe beaucoup de sourires, et certains de ceux-là se mêlent, d'où leur complexité.

Ressentir était non pas nouveau, mais c'était une expérience différente à chaque fois.
D'où la nécessité pour Tiernvael de venir regarder les étoiles, et surtout avec une personne que l'on aime.
La sentir près de soi, entendre son souffle, et dans le même temps balader son regard au loin des tristesses si inutiles, cela changeait un monde.
C'était comme rêver mais les yeux ouverts.
Choisir son rêve à l'aide d'une toile si sombre que tous les contours s'y assemblent et se meuvent au fur et à mesure qu'on poursuit sa vision.

Le moment semblait infini.
Le petit n'avait pas entendu Pelotine s'installer à côté de lui. Étaient-ils côte à côte ou juste tête contre tête ?
Il n'aurait pu le dire.
Il était en tête à tête avec la lune qui brillait de mille feux, mais sans faire mal à ses petits yeux.
Contrairement à ce vieux soleil qui éclaboussait comme une source d'eau gelée, vous perçant de la plus désagréable des façons.
Qu'elle était belle cette lune bien ronde ...

Il passa encore un moment à l'admirer, avant de se tourner à demi vers sa croqu'orteils, procédant d’abord à une phase de recherche.
Le sourire était encore sur son visage, et pourtant il n'était pas revêtu de ce verni hautain d'un noble de parade.
Il s'agissait encore de celui d'un enfant, avec une âme d'enfant, quand bien même son corps se transformait vers quelque chose de malheureusement grand.
Le corps se transformait, mais ne le changeait pas. Ou il devenait peut-être plus mature.
Mais il n'accepterait jamais qu'on ose lui dire qu'il a grandi. Ou alors ce serait en bien.

Toujours était-il retourné vers la mère de ce si beau jour.
Il avait les yeux qui pétillaient en ce magnifique moment aussi charmant que l’instant bercé par les astres célestes.
D'une voix faible et enfantine, il brisa tendrement le silence :

Trugarez Pelotitinou ...
Ce moment est juste ... si spécial.
T'sais, même si tu pars loin, je n'oublierai jamais cet instant.
Je n'oublierai jamais qui tu es, Pelotine.

Et le sourire dont nous parlions tout à l'heure fit surface sur le visage du gamin.
Gêné de ne pas savoir mieux dire ce qu'il ressentait mais elle était là, et c'était ce qui le rendit content.
Il se laisse retomber sur le sol, et continua à examiner les étoiles, espérant ne pas avoir troubler ce moment par ces quelques mots aussi profond que devait l’être la voûte étoilée.

Admin Messages : 188 Date d'inscription : 28/05/2012 Age : 35

La scène se poursuit.

Trugarez Pelotitinou ...
Ce moment est juste ... si spécial.
T'sais, même si tu pars loin, je n'oublierai jamais cet instant.
Je n'oublierai jamais qui tu es, Pelotine.

Ils sont deux désormais. Mais vraiment deux. Non deux, comme un signalement " Oh regardez les, tout les deux ! " Non ! Ils sont deux, uniquement. Ensemble.
La tête brune rejoint la blonde. Leurs visages sont tout deux tournés vers le ciel, ils regardent dans la même direction, les yeux ouverts mais pas seulement, le coeur aussi.

Tiernvael était un être étonnant, ce n'était pas véritablement un enfant dans le coeur de Pelotine.
A ses yeux si, forcément, son physique, son allure et ses accoutrements confirmait l'âge du blondin, mais son âme était d'une telle grandeur, d'une telle beauté, qu'il était difficile alors pour notre héroïne de le considérer totalement comme l'enfant qu'il était.
Peut être mûrissait il auprès d'elle uniquement.
Ou alors, c'est elle, qui à chaque rencontre avec son lutin, prenait un bain de jouvence et se sentait petite fille.

Elle venait de dire adieu pourtant à ce statut, une bonne fois pour toute, en mettant au monde une véritable petite fille en devenir, Dôn. l'enfant lui jetait au visage, la terrible réalité, le temps s'écoulait à la vitesse de l'éclair et un jour alors Tiernvael sera un homme avec qui elle ne pourra jamais plus partager ces tendres moments couchés dans l'herbe, à regarder les étoiles.

Timidement, la main de Pelote vient rejoindre celle du fils à Peter, une fois son emprise certaine, elle serre petit à petit, toujours un peu plus fort. Sans pour autant lui faire mal, elle lui signifie alors combien sa présence ici est importante, et combien il est impossible qu'un jour elle l'oublie.

Moi non plus Tiernvael.
Jamais.

Les larmes lui viennent, c'est qu'elle pleure facilement ces derniers temps.
Elle a pleuré Grand Sage, elle a pleuré son passé, sa vie et aujourd'hui, elle pleure l'oubli.
Car oui, elle en est persuadée, il oubliera cet instant, il oubliera qui elle fut, il oubliera...

Invité

La mélancolie, c'est le bonheur d'être triste.

V.H.

La tristesse se ressent.
C'était comme s'il n'était plus qu'un en fait.
Les sentiments passaient de l'un à l'autre sans témoigner le moindre intérêt pour celui ou celle qui le portait.

Mais quelle tristesse !
Oh quelle tristesse les berçait d'une manière si tendre qu'il ne pouvait s'en défaire.
D'ailleurs pourquoi le faire ?
L'enfant a appris à aimer à être triste avec sa future Tata.

Il reprit avec une petite voix :

On raconte dans les histoires que les cieux en Espagne n'ont jamais de nuages et qu'on peut y voir chaque nuit les étoiles ...
C'est un soir espagnol, Pel. Comme le n dans ton nom.

Un sourire accompagné d'un petit rire qu'on a face à une évidence.

Ça non. Je ne t'oublierai pas ...

Et il joignit le geste à la parole en serrant à son tour de plus en plus fort ses doigts sur les siens.
Cette simple caresse avait plus de sens que le milliard de câlins qu'il aurait voulu de cette seconde mère.
C'était tellement touchant ... Déroutant même, l'enfant ne s'y attendait pas.
Mais rassurant également de par la nature de cette ... surprise agréable.

Cependant c'était aussi pour endiguer le flot de cette tendre tristesse qui menaçait les portes des beaux yeux de la pleureuse.
Ils étaient beaux, humides, mais quand même, la voir tout le temps pleurer n'était pas bon. On avait peur d’y succomber également à cette mélancolie.
Tiernvael aimait y lire la tristesse sans pour autant qu'elle éclate.
D'ailleurs, il se retourna pour se mettre sur les coudes et la regarder.
Imprimer son visage dans son esprit pour le conserver jusqu'au moment où il se reverrait.
Avec la faible lueur de la lune qui s'efforçait pourtant d'être pleine, la croque avait de ces allures une revenante.
Ou ... Oui c'était plutôt ça : un ange.
Pelotine n'avait donc rien d'une morte, et n'allait de toute façon pas mourir de suite.
En revanche, de l'ange elle tirait toute son apparence.
Belle mais fragile ... Oh Pelotitinou ! Que de craintes envahissaient cet enfant.

Crainte qu'elle parte pour ne plus revenir car c'est trop bien là-bas.
Crainte qu'elle change.
Crainte qu'elle se trouve un autre Titi, même si elle ne l'oublie pas.
Crainte qu'ils se revoient mais qu'ils se disputent.
Crainte qu'elle craigne pour lui.

Et tout cela se lisait sur son visage, à la lueur de l'astre lunaire.
Pour couper court à tout cela il chuchota à nouveau :

Pelotitinou, promet moi qu'on reverra un jour cette lune.
Ensemble.

Il se mordait un peu la lèvre nerveusement, presque géné.
Le jeune homme manquait tant d'assurance, qu'il se demandait comment elle faisait, elle ?
Bien que plus âgée, elle était fragile et même si elle pleurait, elle trouvait la force de faire ce voyage.
Terrible. Elle était terrible cette Pelotine. Capable de prendre des décisions comme nulle autre.
Si elle ne l'avait sans doute jamais été, elle avait l'étoffe d'une duchesse, voire plus.
Pleurant pour ses proches, mais agissant telle la grande dame qu'on ne lui avait jamais reconnue, si ce n'est de par sa facilité d'échange avec la plupart de la Bretagne.

Oh Pelotine, quel chemin as-tu donc devant toi ? Et quel est celui que tu as dans la tête ?